Le Regard d'Armand - Chronique #2

15 juin 2022
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Sport Santé
On ne choisit pas de devenir malade ou handicapé, par contre on peut choisir ce qu’on fait de sa différence !
Pour Armand, le handicap a été une épreuve inqualifiable mais aussi un véritable révélateur pour oser réaliser ses rêves d’aventures. Bien évidemment, tout n’a pas été aussi rapide et simple mais il a réussi à apprendre de chaque étape de sa vie, qu’elle soit réussie ou non.
Il envisage tout à sa manière, et vous invite à le suivre dans son pas de côté avec sa chronique : « Le Regard d’Armand ». Au travers de ses interventions pour le département de l’Isère, il saura apporter sa vision particulière sur des thématiques choisies par les jeunes ! Retrouvez le ici même, pour une nouvelle chronique régulière !

Une micro-aventure en Isère

10 ans presque jour pour jour que ma vie a basculé au début pour le pire et depuis quelques années pour le meilleur. On ne choisit jamais de devenir malade ou handicapé, en revanche on peut « décider » le sens qu’on donnera à sa différence ! Bien sûr, rien n’est aussi simple en réalité…

En 10 ans, les épreuves se sont enchaînées, il y a eu beaucoup de murs infranchissables, d’échecs cuisants, d’épreuves insurmontables, mais il y a aussi eu des réussites, des détours qui en valaient la peine, des leçons intégrées au fil du temps… Tout ça a construit mon cheminement et la personne que je suis aujourd’hui.

J’en ai même oublié comment j’étais avant, sans ma maladie. Signe évident qu’elle est totalement intégrée et acceptée dans ma vie, autant dans ses conséquences quotidiennes que dans celles qui pourraient subvenir dans le futur : je vis des choses incroyables et c’est bien là l’essentiel.

Un seul aspect de ma vie d’avant me manque : le ski, ou plutôt le sentiment de liberté lié à la glisse.  Toutes les autres composantes de ma vie, j’ai réussi à les compenser, les adapter ou bien à m’adapter. Malgré de nombreux tests de différents outils de ski adapté, je m’étais fait une raison.

Et pourtant...

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L’idée, c’est de concevoir ma glisse différemment, comme je ne l’avais jamais fait. Du ski de rando pour monter, un système entre luge et ski pour descendre. C’est différent, je n’en avais jamais fait avant, je ne peux pas me comparer, je suis autonome, je maîtrise ma direction, je prends mon pied ! Et si la meilleure solution pour s’adapter était finalement dans le plaisir ?

Le SNOOC permet donc la montée (Touring) puis la descente, une belle innovation et un outil qui évolue sans cesse grâce aux retours des pratiquants !! Il faut tout de même une certaine motricité des jambes pour la descente mais la prise en main se fait relativement rapidement !! En réalité, tout n’est pas simple, il est vrai que je communique souvent sur le défi réussi, on ne voit pas forcément les heures d’entraînement en amont ni la difficulté du défi en lui-même… 

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Nous voilà donc partis à Chamrousse (38) avec mes amis Julien et Florestan, où nous avons commencé à grimper à la fermeture des remontées mécaniques. L’idée ? Atteindre la Croix de Chamrousse avant de basculer sur l’autre versant direction la cabane non gardée des lacs Robert pour y passer la nuit. Le lendemain matin, toujours avant l’ouverture des remontées, faire le chemin inverse ! En moins de 16 heures, 850 m de D+ et autant de D-. Mais résumer cette micro-aventure a des chiffres serait insultant pour l’intensité des émotions qu’on a vécu…

Pour faire simple, quand la pente devient trop raide en ski de rando, il faut faire des diagonales. En SNOOC, on n’est pas réellement fixé aux pieds, impossible d’utiliser les cares et donc impossible de monter en dévers. En montée, disons que 80 % du dénivelé est passé sans problème technique, mais sur les 20 % restants, il a fallu monter à pied, sur des pistes gelées où 50 cm de gagné impliquent 49 cm de perdus ! Physiquement, c’était un calvaire. Tout l’équipe en a bavé. Mais on peut aussi prendre plaisir à souffrir pour y arriver ! La victoire est alors tellement plus belle. On n’en voyait pas le bout et on est arrivés au point de basculement de nuit. 

Arrivés en haut, passage en mode descente : Flo quitte les raquettes et chausse les skis, Julien enlève ses peaux, je bascule en mode « luge ». Il fait froid, le vent n’arrange rien, on est à 2250 mètres d’altitude et il a fallu 30 minutes pour être prêt à redescendre en direction de la cabane.

On ne voit quasi rien. A un moment donné, une bifurcation…Disons qu’on ne fait pas le choix idéal… On arrive sur une piste noire… Les spatules sont dans le vide… Les ténèbres sont certainement moins effrayantes… Ok, on a choisi notre chemin, ça va être dur, mais ce n’est qu’une étape dans la réussite de notre défi. Personne n’a paniqué, on doit de toute façon atteindre la cabane pour ne pas passer la nuit dehors et en subir les conséquences.

Je peux maintenant vous le dire : les pistes noires, en SNOOC, de nuit, à la frontale, ça passe… !!

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En pleine nuit, en pleine montagne : 3 lumières, 3 potes, une piste à eux, le bonheur !! On arrive enfin à la cabane, pas si rudimentaire que ça : on a des matelas ! 

Je suis brassé, je ne suis jamais allé jusqu’à vomir après un effort physique, c’est chose faite… C’est pour vous dire l’intensité de ce qu’on a vécu !

Lendemain matin, départ dès que la lumière est suffisante, la montée se passe bien, jusqu’à une bosse infranchissable en SNOOC, il faut monter à pied… ou plutôt à genou, improbable mais on arrive tant bien que mal en haut. Maintenant c’est que de la descente et du kif total 😉

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 On a ramené des images incroyables de ces moments, notre objectif c’est de vivres des expériences folles et de vous les partager. On n’est pas déçus, vous ne le serez pas en découvrant le « film » !! En une micro-aventure, on a vécu une multitude de chose qu’on pensait inimaginables…

Encart descriptif

Attention, les protagonistes sont entrainés, ne pas tenter de reproduire ce défi. Il est toujours conseillé pour vos sorties en milieux naturels d’être accompagnés par des professionnels.