Damien, que représente les Jeux Paralympiques pour toi ?
Damien Roget : C’est un aboutissement pour moi. Cela fait maintenant 4-5 ans que j’ai tout modifié dans mon quotidien pour atteindre ce but. Du pro au perso, pour être au meilleur niveau aux Jeux Paralympiques.
Trouves-tu que les Jeux Paralympiques ont suffisamment de visibilité ?
DR : Non, mais même entre les sports valides, l’engouement n’est pas le même partout. Lors des matchs internationaux de volley assis, il y 100 à 200 vues sur les lives ; Comparé au foot où plus de 80 000 personnes étaient en live pour le transfert de Mbappé au Real Madrid par exemple. Pour autant, nous sommes sur le bon chemin et les choses changent petit à petit !
Pour les JOP de Paris, un sacré effort a été fait, il y a 26 sports représentés sur les Jeux Paralympiques, c’est quelque chose d’énorme ! Au niveau mondial, le volley assis est le parasport avec le plus de licenciés. La France est un peu en retard à ce niveau-là mais depuis 2016 il y a un réel développement de la pratique. Il y a encore beaucoup à faire mais petit à petit on avance !
Le handisport est-il accessible à tout le monde ?
DR : Oui et non. Personnellement, j’ai un peu dû enfoncer des portes ouvertes, je suis passé par des détections, puis le volley assis m’a contacté.
Si on prend l’exemple de l’aviron, le club de Grenoble peut totalement accueillir des personnes en situation de handicap, cependant il n’y a aucune communication autour de ça. Si on ne se renseigne pas directement auprès du club, on ne peut pas savoir. Je prends pour exemple l’aviron mais il y a pleins d’autres situations similaires. Mais pour les personnes ayant un handicap, tous les sports ne sont pas accessibles dans toutes les villes, ce qui peut limiter notre pratique sportive. Il faut se renseigner.
Est-ce que les personnes valides peuvent aussi faire du volley assis ?
DR : Oui, le volley assis est très accessible et inclusif, ce n’est pas comme le basket-fauteuil qui demande un long temps d’adaptation. Parfois, des joueurs de N1-N2 de volley viennent nous rejoindre durant nos entrainements. Cela me permet d’énormément progresser et de travailler sur mon jeu. C’est cool que des joueurs valides jouent avec nous !
Que conseillerais-tu as des personnes en situation de handicap qui ont peur de commencer le sport ?
DR : Je leur dirais de ne pas rester sur leurs a-prioris et de se jeter dans le grand bain. C’est dingue tout ce que le sport m’apporte dans ma vie.
La pratique sportive influe-t-elle sur tes douleurs liées à ta pathologie ?
DR : Honnêtement, je ne sais plus ce que c’est de ne pas avoir mal. Mon corps et mon subconscient ne savent plus ce que c’est d’être sans douleur. Donc, je ne dirai pas que ça a réellement eu un effet sur mes douleurs. Hormis mes blessures et malgré ma maladie, je dirais que je n’ai jamais autant été en forme qu’aujourd’hui. La musculation par exemple me permet de soulever des charges plus lourdes et d’avoir plus d’autonomie dans mon quotidien. Je trouve ça très gratifiant. Cela me permet par exemple d’aider mon père pour des travaux et autres activités.
Quelle est ton état d’esprit à l’approche des Jeux Paralympiques ? Quels sont tes objectifs pour ces jeux ?
DR : Je suis dans un état d’esprit un peu différent car il faut que je récupère de ma blessure. Je me suis cassé le pouce en stage Equipe de France aux Pays-Bas il y a quelques semaines. Malgré tout, j’ai vraiment envie qu’on fasse découvrir ce sport encore méconnu. Lorsque j’en parle à mes patients par exemple ils pensent que nous sommes en fauteuils. Le fait que nous soyons assis peut les interpeller. Je prends donc le temps de leurs expliquer les différences qu’il y a avec d’autres disciplines de parasport.
Un de mes rêves, c’est que suite aux JOP, un jeune de 16 ans avec un handicap ou non arrive au club inspiré par ce qu’on aura pu montrer aux JOP. Et que je puisse le prendre sous mon aile pour aller jusqu’en Equipe de France par exemple !
Damien Roget a 34 ans, est atteint du syndrome de Guillain-Barré. Orthoptiste de métier, il pratique le volley assis à haut-niveau au club de Moirans Multi Volley-Ball, et membre de l'Equipe de France de Para-Volley.
Il participera aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 : entrée dans la compétition le jeudi 29 août à 20h pour un match contre le Kazakhstan, et les finales se tiendront le vendredi 6 septembre ! Découvrez tout le calendrier ici !